Daniel Schmit prépare « Chandelles & dentelles » le concert des 20 ans de la Sarteline

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                           

        Q/  Nous allons bientôt présenter notre concert du 20e anniversaire. Il est en préparation depuis près de 3 ans. Que représente, pour toi, ce concert, cet anniversaire ?

Comme je l’ai déjà dit en son temps, un concert, que ce soit pour un 20e anniversaire ou pour une tout autre occasion, c’est un « plus », c’est comme une étape dans le projet global qu’est la Sarteline. Une étape assurément importante, voire essentielle, mais ce n’est qu’une étape. C’est comme un petit bonus dans le long cheminement de la chorale.

 

 

                                                 

 

 

 

 

Q/ Où est ton niveau de stress par rapport à ce concert ?

J’oserais dire, au risque de paraître surprenant, qu’il est à zéro, comme avant chaque concert. Le stress négatif, ça ne me connaît pas ou peu… C’est plutôt du stress positif que je traverse : il m’apporte dynamisme et épanouissement.

Si je ne ressens pas de stress négatif, c’est pour deux raisons :

La première rejoint ma réponse à la première question : un concert n’est pour moi qu’une étape, une étape importante… Je suis ainsi fait que je relativise l’avant concert par rapport au projet global.

Mais la raison la plus fondamentale, c’est que j’ai pu, tout au long de l’apprentissage des pièces de ce concert, me rendre à l’évidence que tout, dans notre chorale, favorise la confiance et donc l’optimisme. Et notamment le fait que je sais qu’au jour du concert et pendant le concert, chaque choriste sera là avec son désir de donner le meilleur de lui-même. Et si chacun offre le meilleur de lui-même, je ne vois pas pourquoi je stresserais ! Un concert ne peut être qu’une réussite.

 

 

 

Q/Es-tu satisfait des choristes ?

Toujours. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Q/Comment choisis-tu les thèmes des spectacles ?

C’est souvent sur un coup de cœur, sachant qu’il y va aussi d’une alternance entre des thèmes plus généraux et des thèmes plutôt liés à des chanteurs particuliers. Il y a eu Sheller, Julien Clerc ; il y a eu Cabaret, Les années ’70 et ’80.

Un chanteur ou une chanteuse, c’est bien, mais un thème plus large permet un spectre plus large. 

 

 

 

Q/Comment choisis-tu les chants qui habillent le spectacle ?

Ah ! Encore une fois, c’est sur un coup de cœur. Je choisis aussi les chants en fonction de mes « dadas » musicaux. Il faut savoir que je suis un passionné de ce qu’on appelle de la « musique tonale » ; c’est une musique qui a ses règles, ses fonctionnements, ses principes, ses codes. Je choisis des mélodies qui sont tonales et qui portent en elles leur harmonie. On parle, dans ce cas, de « mélodies harmoniques ». Cela fait une fameuse restriction, mais c’est ce qui explique que je ne suis pas prêt à harmoniser toutes les chansons actuelles. Je préfère m’abstenir d’amener certaines chansons à la chorale parce que je ne m’y retrouve pas ou parce que je ne comprends pas leur langage. Je choisis les mélodies en fonction d’un coup de cœur, mais aussi en fonction de l’harmonisation.   

 

 

 

Q/Certains chanteurs sont exclus ?

Oui, j’exclus certaines chansons quand elles ne s’inscrivent pas dans le « système tonal» et qu’il y a pour moi comme une impossibilité à les harmoniser. Par exemple, je ne me lance pas dans l’harmonisation du rap, car ce n’est pas trop mon style. Pour les mêmes raisons, je ne travaille pas non plus des musiques modales. Je ne réprouve pas ce genre de musique (que je peux même apprécier), mais ce n’est pas mon truc. Pour harmoniser et pour faire chanter, je dois d’abord me complaire dans la mélodie et dans l’harmonie sous-jacente des chansons du répertoire.

 

     

 

Q/Ecoutes-tu les souhaits de certains choristes ?

De manière très globale, je crois. En tous cas, j’essaie d’être à leur écoute, le plus possible : à l’écoute des motivations et des capacités de chacun…

 

Je sais fichtrement que les choristes viennent à la chorale avec des motivations variées et qui s’interpénètrent. Il y en a qui se contentent – et c’est très bien aussi – du seul aspect convivial qu’apporte la Sarteline ; ils viennent à la chorale animés qu’ils sont par le seul désir de la rencontre. D’autres viennent pour se détendre : la chorale est pour eux un loisir, une détente ou une espèce de thérapie qui participent à leur développement personnel. Il y en a qui viennent pour le plaisir du chant. D’autres enfin parce qu’ils recherchent un idéal esthétique et musical. Moi, j’essaie de me mettre à l’écoute de ces différentes motivations. Il n’y en a pas une qui soit moins bonne qu’une autre. Si un choriste vient avec la seule motivation de rencontrer des gens, c’est très bien. Si un autre n’est animé que du seul désir de faire de la musique, c’est très bien aussi… C’est un défi de chaque instant que de fédérer les choristes aux motivations les plus diverses autour du projet commun qu’est notre chorale.

Je m’efforce aussi de me mettre à l’écoute des talents et des potentialités de chacun… Parmi les choristes, il y a des « bûcheurs » et d’autres qui sont à la traîne. Il y a l’un ou l’autre « touriste » et d’autres qui sont très réguliers. Certains savent lire la musique, d’autres n’y connaissent rien. Certains ont une voix plus timide, d’autres sont plus affranchis… C’est là un autre défi : que chaque choriste, quel qu’il soit, comprenne qu’il est un élément indispensable de notre chorale, et que ses talents, aussi modestes soient-ils, sont essentiels à la vie du choeur.

Bref, Je cherche à être au maximum à l’écoute des motivations, des souhaits, des attentes mais aussi des talents ou des difficultés de tout un chacun. C’est là un défi permanent, un défi qui est des plus dynamisants…

   

Q/Une question plus technique. Chaque chant est harmonisé à 4 voix. Comment fais-tu ? Combien de temps te faut-il ? Est-ce différent pour une chanson populaire, française ou anglaise, lente ou rapide ? Les choristes constatent que certaines harmonisations sont plus simples que d’autres. Pourquoi ?

C’est une question assez technique, j’en conviens… Je vais tenter de répondre en expliquant comment je m’y prends pour harmoniser une chanson… Je procède par étapes…

La 1ère étape consiste dans la constitution d’un « lead sheet » le plus fidèle possible à l’auteur et au compositeur de la chanson. Les leads (paroles, mélodie, grille d’accords), je les trouve assez souvent sur Internet (il faut très souvent les

corriger!), sinon je les relève à l’oreille, comme une « dictée musicale ». Ce travail préliminaire doit être vraiment au top !

 

La 2ème étape consiste dans une triple analyse de la mélodie, de manière à connaître au mieux ses besoins harmoniques. C’est un travail indispensable.

– L’analyse « phraséologique » me permet de découvrir la ponctuation mélodique qu’on appelle, en musique, le « phrasé ». Je repère les respirations mélodiques et je mets en évidence les unités rythmiques structurelles de la mélodie.

– L’analyse « cadentielle » me donne de percevoir les ponctuations harmoniques qu’on appelle « cadences » et qui forment l’ossature du discours musical.

– L’analyse « fonctionnelle » consiste à mettre en lumière les différents parcours fonctionnels qu’emprunte la « mélodie harmonique »… La structure tonale repose sur 3 fonctions principales (Tonique, Sous-dominante ou pré-dominante, Dominante) qui s’enchaînent selon un ordre bien déterminé qu’on appelle « parcours fonctionnel ». C’est un peu la même chose qu’avec les phrases grammaticales et la place qu’y occupent les trois fonctions sujet-verbe-complément.

 

La 3ème étape est celle de l’élaboration de la voix de basse qui est comme la deuxième mélodie principale. La basse, c’est le fondement, la base, la racine, le sous-bassement de tout l’édifice harmonique. Je l’écris en fonction du parcours harmonique mis en évidence lors de la phase d’analyse, et en veillant à ce qu’elle soit comme le portrait ou l’image de la mélodie de la chanson. Option donc pour ce qu’on appelle, en harmonie, le « mouvement contraire » : quand la mélodie principale monte, la basse descend, et inversement…

 

La 4ème étape consiste dans la réalisation des voix manquantes qui forment ce qu’on appelle le « complément harmonique ». J’essaie d’employer au maximum des accords complets et bien positionnés ; j’utilise le plus possible les degrés conjoints, le mouvement contraire, les notes communes ; je veille au mieux, et en fonction de mes petites possibilités, à l’élégance et à l’autonomie de chaque voix, préférant toujours une réalisation simple, claire et la plus correcte possible à une construction compliquée et confuse.

 

La 5ème étape est celle que j’appréhende le plus. C’est la transcription définitive de la partition. Le peintre Delacroix disait : « Finir demande un cœur d’acier, car c’est dans ce moment que vous apparaît votre propre faiblesse ». Eh bien, quand une harmonisation est retranscrite commence pour moi tout une bataille de scrupules et d’interrogations face à la partition qui est désormais fixée, qu’on ne peut plus modifier, et qui ne pardonne plus… Beaucoup d’harmonisations restent dans le tiroir, en attente, car je n’en suis pas suffisamment satisfait. Je laisse mûrir, parfois très très longtemps…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Q/Il y a plusieurs styles dans l’harmonisation. Combien de temps cela prend ?

Parfois, je l’écris en une fois, sur une matinée. A midi, c’est terminé. Parfois, il me faut 3 jours, 1 mois… C’est assez difficile de quantifier, car c’est lié à l’inspiration, à la créativité, à l’échéance, au temps que j’ai.

 

Q/Dans « La grenade », il y a des solos par pupitre, des entrées décalées, des notes et des mots différents. As-tu cette « construction » en tête dès le début de ton harmonisation ?

Dans « La grenade », se succèdent trois manières d’harmoniser :

1/ Dans le premier refrain, toutes les voix chantent les mêmes syllabes en même temps. C’est ce qu’on appelle « homophonie ». L’écriture y est essentiellement verticale (ou harmonique) ; la succession des accords est bien mis en évidence…

2/ Dans les autres refrains, l’écriture est plus horizontale (ou contrapuntique) : chaque voix chante indépendamment des autres, en « polyphonie ». Il y a, comme tu le dis, des « entrées décalées » qui forment comme un dialogue musical entre les différentes voix.

3/ Entre homophonie et polyphonie, il y a la « mélodie accompagnée », quand les voix accompagnantes se font « sonorités » en chantant des phonèmes ou des petites vocalises : c’est l’option que j’ai prise pour les couplets de La Grenade.

En fait, quand j’harmonise, j’essaie de trouver un équilibre entre homophonie et polyphonie, entre écriture verticale et horizontale. Il y a comme une interaction dynamique entre les deux styles d’écriture, et c’est pour moi un défi de chaque

instant que d’essayer de réaliser cette complémentarité entre accords et mélodies, entre Harmonie et Contrepoint…

 

 

 

Q/Quand tu es à table en train d’harmoniser, peux-tu déjà « imaginer les grimaces » que les choristes vont faire face à certaines difficultés ?

Ah oui. J’ai évoqué deux fidélités dans mon travail d’harmonisation : je m’efforce d’être le plus fidèle possible à l’auteur/compositeur de la chanson ; J’essaie aussi d’être fidèle aux lois de l’harmonie que j’ai appris à apprivoiser et qui sont devenues pour moi, au fil des ans, comme des alliées. Elles sont pour moi comme un besoin et une satisfaction.

La troisième « fidélité », c’est celle que je dois à la Sarteline. J’harmonise en fonction de la zone de confort des choristes que je crois cerner assez bien. J’écris à la mesure de leurs capacités, mais aussi selon mon intention de faire progresser le groupe en ajoutant parfois, dans l’une ou l’autre harmonisation, de nouveaux défis rythmiques, mélodiques ou harmoniques. C’est dans ce cas que j’imagine effectivement l’une ou l’autre grimaces que pourraient faire certains choristes…

Q/Quelle est la chanson de ce répertoire que tu apprécies le plus ?

Je n’apprécie pas une chanson plus qu’une autre… Certaines sont très riches du point de vue textuel ou mélodique ; d’autres sont plus appréciables du point de vue rythmique ou harmonique… En choisir une, c’est mettre les autres de côté… Je ne m’y risque pas !

 

Q/Quel est le plus beau compliment que tu aies reçu par rapport à la chorale ?

Houlala ! Ils sont multiples. J’épinglerai peut-être un de ceux reçus à la fin du concert Julien Clerc. Une cheffe de chœur était « scotchée » par le fait que, pendant le spectacle, tous les choristes prenaient du plaisir. Là, je sens que c’est gagné, quand chaque choriste sur scène offre au groupe et au public la joie de chanter ensemble.

 

 

 

Q/Où trouves-tu ta motivation depuis 20 ans ?

Je la trouve dans les choristes eux-mêmes, dans le comité et dans les propres motivations de chacun. C’est là vraiment le moteur de ma propre motivation… C’est ça qui me stimule et qui m’encourage à toujours vouloir plus pour notre Sarteline.

J’aime beaucoup cette comparaison du fondateur du mouvement « A Coeur Joie » auquel nous sommes affiliés : « La chorale, c’est comme une recette de cuisine dont l’art consiste à prendre des ingrédients différents, les mélanger et en faire un bon petit plat qu’on offre à ses invités ». Faire le meilleur avec les « ingrédients » dont dispose la Sarteline, c’est là une des mes préoccupations ;c’est là aussi et surtout la source de mon énergie et de ma motivation… 

 

 

 

 

 

Sans réfléchir :

Une couleur : bleu

Une boisson : Orval

Un film : là, par contre, je ne réponds pas, car je dors au cinéma

Un livre : Madame Bovary (lu 11 fois)

Un artiste : William Sheller

Un animal : Pookie, notre adorable bouledogue français

Le pays que tu souhaites visiter : la Tanzanie ou le Kenya

Un souvenir d’enfance : la naissance de ma petite sœur

Un défaut : l’insatisfaction

Un souhait : euh, j’oserai dire la paix dans tous les sens

Une rencontre : Oh, celle d’Arianne

Un mot : tendresse

 

Avec choix

Mer ou montagne : euh, pour le moment les 2, mais je dirais montagne

Brel ou Bécaud : Brel

Glace au chocolat ou à la vanille : chocolat

Ville ou campagne : campagne

Café noir ou au lait : noir

Eté ou hiver : Été

Paris ou New York : Paris

Pile ou face : comme je n’ai pas beaucoup besoin de piles, je prends face

Introverti ou extraverti : oh, pfff, ce serait plutôt extraverti   

                             

 

Oui ou non

As-tu peur des araignées ? euh, oui

Sors-tu les poubelles ? oui

Cuisines-tu ? oui (pas tout le temps, mais oui)

Chantes-tu sous la douche ? non

Penses-tu qu’il y a une vie après la mort ? je ne sais pas, j’espère

Ferais-tu un saut à l’élastique ? oui

Ecoutes-tu du rap ? non

Consultes-tu ton horoscope ? jamais

Es-tu du matin ou du soir ? Plutôt du matin, même plus tôt que le matin, vraiment le matin.

Es-tu un homme heureux ? oui


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Textes : Isabelle M & Freddy

Photos: Isabelle M, Freddy & Alain Evrard.

Illustrations: Juanita, Martine H et Monique.

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